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Valserine connaissait depuis longtemps la mère Marienne. Chaque fois que son fils était en prison, la vieille femme apportait ses œufs et ses chevrets au père de la fillette, qui se chargeait d’aller les vendre à Saint-Claude ou à Septmoncel. Elle connaissait aussi sa haine pour les douaniers. Elle l’avait vue plusieurs fois leur jeter des pierres, du haut du chemin, et elle n’osait jamais s’approcher d’elle, à cause de ses yeux, qui paraissaient toujours inquiets et pleins de soupçons.

Pourtant, ce soir, elle avait une grande envie d’entrer, pour lui parler de son père. Ce matin même, elle avait reconnu le fils de la vieille femme, au moment il traversait la route, pour se rendre à Gex ; il devait être de retour maintenant, et savait sans doute où se trouvait le prisonnier. Elle se décida à pousser la porte, après avoir fait le tour de la maison.

La mère Marienne était debout, devant une table plus longue que