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Elle fit de grands efforts pour ne pas laisser se fermer ses paupières.

Cependant, elle fut réveillée par des cris. Elle ne fut pas longue à comprendre que c’était elle-même qui les avait poussés. Sa gorge ne laissait plus échapper de sons, mais sa respiration était courte et rude, et elle sentait bien qu’il lui suffirait de faire un tout petit effort pour entendre de nouveau les mêmes cris sourds et pleins d’angoisse. Elle avança encore les mains vers le lit de son père ; mais maintenant elle savait très bien qu’il était vide ; elle le touchait seulement pour être moins seule, et parce qu’il lui semblait qu’un ami lui donnait la main. Elle ne se souvenait pas d’avoir jamais vu la nuit aussi noire et, chaque fois qu’elle voulait fermer les yeux, une inquiétude les lui faisait rouvrir. Puis un bourdonnement ronfla dans ses oreilles, avec un petit sifflement. Elle se souleva pour mieux écouter, et il lui sembla que ce bruit emplissait toute la chambre.