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longuement regardé la fillette, et monta lui-même sur le siège, à côté du conducteur. Valserine tourna le dos aux chevaux. Elle retenait de la main le rideau à grosse toile, à rayures rouges, qui fermait la voiture des deux côtés, et il lui semblait que c’était les montagnes qui se déplaçaient, chaque fois que la voiture tournait un lacet de la route. De temps en temps, la voix du conducteur laissait échapper une sorte de son plein et bref :

“ Allonlonlon… ”

Ce son venait à intervalles réguliers, comme si un compteur invisible en eût réglé le bon fonctionnement, et la fillette l’attendait, comme une chose nécessaire à la solidité de la voiture, aussi bien qu’à la bonne allure des chevaux.

On atteignit presque tout de suite le village de Lajoux. C’était dans ce village que Valserine allait à l’école. Tous les enfants qui jouaient devant les portes devaient savoir que le contrebandier était en prison, et,