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MARIE-CLAIRE

quelque chose dans son bras gauche, pendant que le bras droit faisait le geste de faucher à la hauteur de sa tête. J’étais si intriguée que je regardai maître Sylvain. Au même instant, il dit comme s’il me répondait :

— C’est Gaboret qui fait ses semailles.

Quelques instants après, nous arrivions à la ferme.

La fermière nous attendait sur le pas de la porte. En m’apercevant, elle ouvrit la bouche comme si elle était restée longtemps sans respirer, et son visage sérieux perdit un moment son air inquiet. Je passai devant elle pour prendre mon manteau, et j’allai droit à la bergerie.

Les moutons sortirent en se bousculant. Ils auraient dû être aux champs depuis longtemps déjà.

V

Tout le jour je pensai à ce que m’avait dit le fermier. Je ne comprenais pas pourquoi la supérieure voulait m’empêcher de voir sœur Marie-Aimée. Mais je comprenais que sœur Marie-Aimée ne pouvait plus rien pour moi, et je me résignais en pensant qu’un jour viendrait où personne ne pourrait m’empêcher de la rejoindre.

À l’heure du coucher, la fermière m’accompagna