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MARIE-CLAIRE

tombaient derrière moi avec un bruit de grêle. Je n’avais qu’une idée : courir jusqu’au bout de la forêt.

J’arrivai bientôt à une grande clairière. La lune l’éclairait de tout son plein, et le vent qui faisait rage soulevait et rejetait les paquets de feuilles qui roulaient et tournaient dans tous les sens.

Je voulais m’arrêter pour respirer un peu ; mais les grands arbres se balançaient avec un bruit assourdissant. Leurs ombres qui ressemblaient à des bêtes noires s’allongeaient brusquement sur la route, puis elles s’éloignaient en glissant pour se cacher derrière les arbres. Quelques-unes de ces ombres avaient des formes que je reconnaissais. Mais la plupart se balançaient et sautaient devant moi comme si elles voulaient m’empêcher de passer. Il y en avait de si effrayantes que je prenais mon élan pour sauter par-dessus, tant j’avais peur de les sentir sous mes pieds.

Le vent s’apaisa, et la pluie se mit à tomber à larges gouttes. La clairière finissait, et en passant devant un chemin qui entrait sous bois il me sembla voir un mur blanc tout au bout ; je m’avançai un peu et je reconnus que c’était une petite maison étroite et haute. Sans plus réfléchir, je cognai à la porte ; je voulais demander que l’on me garde en attendant que la pluie ait cessé. Je cognai une seconde fois, et aussitôt j’entendis remuer dans la maison. Je croyais qu’on allait m’ouvrir la porte,