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MARIE-CLAIRE

Le soir, après dîner, je la retrouvai assise sur un vieux banc qui touchait à un gros tilleul. M. le curé était assis près d’elle, le dos appuyé contre l’arbre.

Ils avaient l’air grave.

Je croyais qu’ils parlaient de Colette, et je m’arrêtai à quelques pas d’eux.

Sœur Marie-Aimée disait, comme si elle répondait à une question :

— Oui, à quinze ans.

Monsieur le curé dit :

— À quinze ans, on n’a pas la vocation.

Je n’entendis pas ce que répondit sœur Marie-Aimée, mais M. le curé reprit :

— À quinze ans, on a toutes les vocations : il suffit d’un geste affectueux ou indifférent, pour vous éloigner ou vous encourager dans une voie.

Il fit une pause, et dit plus bas :

— Vos parents ont été bien coupables.

Sœur Marie-Aimée répondit :

— Je ne regrette rien.

Ils restèrent longtemps sans parler ; puis sœur Marie-Aimée leva le doigt comme pour une recommandation et dit :