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MARIE-CLAIRE

Elle avait un visage que je ne connaissais pas : ses lèvres rentrées, ses joues aussi blanches que sa cornette, et ses yeux qui faisaient du feu, me semblèrent si effrayants que je cachai ma figure dans mon bras.

Malgré moi, je regardai de nouveau. La poursuite continuait : sœur Marie-Aimée, le bâton haut, courait en silence ; ses lèvres s’étaient ouvertes et on voyait ses petites dents pointues ; elle courait dans tous les sens, sautant les bancs, montant sur les tables en relevant rapidement ses jupes ; au moment où elle allait l’atteindre, la chatte fit un bond formidable et s’accrocha après un rideau, tout en haut d’une fenêtre.

Madeleine, qui avait suivi sœur Marie-Aimée avec des mouvements de jeune chien un peu lourd, voulut aller chercher un bâton plus long, mais sœur Marie-Aimée l’arrêta d’un geste en disant :

— Elle a bien fait de s’échapper !

Bonne Justine, qui était près de moi, disait en se cachant les yeux :

— Oh ! c’est honteux ! c’est honteux !

Moi aussi, je trouvais que c’était honteux :