Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
MARIE-CLAIRE

bas. Elle monta les trois marches de son estrade, et nous fit asseoir d’un geste de la main.

L’après-midi, elle nous mena dans la campagne.

Il faisait très chaud. J’allai m’asseoir près d’elle, sur une hauteur ; elle lisait un livre en surveillant d’un coup d’œil les petites filles, qui jouaient dans un champ au-dessous de nous. Elle regarda longtemps le soleil couchant en disant à chaque instant :

— Que c’est beau ! que c’est beau !…

Le soir même, les verges disparurent du petit dortoir, et au réfectoire la salade fut retournée avec de longues spatules. À part cela, rien ne fut changé. Nous allions en classe de neuf heures à midi, et l’après-midi nous épluchions des noix pour un marchand d’huiles.

Les plus grandes les cassaient avec un marteau, et les plus petites les séparaient des coquilles. Il était bien défendu d’en manger, et surtout ce n’était pas facile : il s’en trouvait toujours une pour vous dénoncer, par jalousie de gourmandise.