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MARIE-CLAIRE

Personne ne pensait à rire de sœur Gabrielle, qui montait péniblement en disant : « Chut ! chut ! » sans se lasser, et sans que le bruit diminuât. La bonne du petit dortoir pleurait aussi : elle me secoua un peu en me déshabillant ; elle disait :

— Je suis sûre que tu es contente, toi, d’avoir ta sœur Marie-Aimée.

Nous l’appelions Bonne Esther.

Des trois bonnes que nous avions, c’était elle que je préférais. Elle était un peu bourrue, mais elle nous aimait bien.

La nuit, elle réveillait celles qui avaient de mauvaises habitudes, afin de leur épargner les verges du lendemain. Quand je toussais, elle se levait et à tâtons me fourrait dans la bouche un morceau de sucre mouillé. Bien des fois aussi, elle m’avait emporté de mon lit, où j’étais glacée, pour me réchauffer dans le sien.