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MARIE-CLAIRE

Je me trouvais bien dans cette maison silencieuse.

La neige s’arrêta de tomber, et les arbres me semblèrent aussi beaux que le jour où je les avais vus tout fleuris ; et brusquement le souvenir de ce qui venait de se passer, se précisa dans mon esprit. Je revis la main aux doigts carrés de Mme Deslois ; un grand frisson me secoua ; quelle vilaine main, et comme elle était grande !

Puis l’expression du regard de M. Alphonse, quand il me prit le bras. Maintenant que j’y pensais, je me rappelais avoir déjà vu ce regard à une petite fille.

C’était un jour que je venais de voler un fruit tombé ; elle s’était précipitée sur moi, en disant :

— Donne-m’en la moitié, et je ne le dirai pas.

Une grande répugnance m’était venue de partager avec elle, et, au risque de me faire voir par sœur Marie-Aimée, j’étais allée reporter le fruit sous l’arbre.

Et voilà qu’à penser à ces choses un désir violent me venait de revoir sœur Marie-Aimée.