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MARIE-CLAIRE

montaient la colline en courant, et après s’être reposés un instant au-dessus de nous, s’en allaient se perdre plus haut.

Les heures passèrent avec le jour, les troupeaux disparurent un à un de la plaine : une vapeur blanche se leva de la petite rivière ; puis le soleil passa derrière la barrière de peupliers, et les fleurs des genêts commencèrent à devenir plus sombres.

Henri Deslois me ramena sur le chemin de la ferme ; il marchait devant moi, dans le sentier étroit, et quand il me quitta un peu avant l’allée des châtaigniers, je sentis que je l’aimais plus que sœur Marie-Aimée.

La maison de la colline devint notre maison.

Chaque dimanche j’y retrouvais Henri Deslois, et, comme au temps de Jean le Rouge, je rapportais le pain bénit que nous partagions en riant.

Il y avait en nous comme une folie de liberté, qui nous faisait courir autour du jardin, et mouiller nos souliers dans le ruisseau de la source.

Henri Deslois disait :