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MARIE-CLAIRE

Ses cheveux étaient séparés sur le côté, et son front s’allongeait très loin vers les tempes.

Il resta un long moment sans bouger ; puis, il se tourna tout à fait vers moi.

Deux arbres seulement nous séparaient ; il fit encore un pas, il prit d’une main le tout jeune arbre qui était devant lui, et les branches fleuries firent comme un bouquet au-dessus de sa tête. La clarté était si grande, qu’il me semblait que l’écorce des arbres brillait et que chaque fleur rayonnait, et, dans les yeux d’Henri Deslois, il y avait une douceur si profonde, que je m’avançai vers lui sans aucune honte.

Il ne fit pas un mouvement, mais quand je m’arrêtai devant lui, son visage devint plus blanc que sa blouse, et sa bouche trembla.

Il prit mes deux mains, qu’il appuya fortement contre ses tempes, et il dit d’une voix très basse :

— Je suis comme un avare qui a retrouvé son trésor.

En ce moment, la cloche de l’église de Sainte-Montagne se mit à sonner. Les sons