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MARIE-CLAIRE

me regardait en allongeant le cou, et en tordant ses reins d’une façon comique, prête à repartir au moindre geste. Le fermier n’en finissait plus de rire ; il se tenait, cassé en deux, et il riait à grands éclats. On ne voyait de lui que sa blouse, sa barbe et son grand chapeau. Ses éclats de rire me donnaient envie de pleurer, et il me semblait qu’il resterait toujours ainsi, tordu et bruyant.

Quand enfin il fut calmé, il m’interrogea doucement. Je lui racontai les malices de la chèvre. Alors il la menaça du doigt en riant de nouveau.

Ce fut Martine qui l’emmena le lendemain. Mais le deuxième jour, elle déclara qu’elle aimait mieux quitter la ferme, que de continuer à garder cette chèvre qui était possédée du diable.

La vieille Bibiche disait que les chèvres avaient besoin d’être battues. Mais je me souvenais du seul coup de bâton que je lui avais donné ; ses côtes avaient rendu un son si étrange, que je n’avais jamais osé recommencer.

On la laissa en liberté autour de la ferme,