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MARIE-CLAIRE

taient d’un seul coup, pendant que d’autres, plus faibles, se balançaient pour la faire glisser à terre.

Je n’étais jamais entrée dans ce bois. Je savais seulement qu’il était très étendu et que Martine y menait parfois ses brebis. Les sapins y étaient très grands et les bruyères très hautes.

Depuis un moment je regardais une grosse touffe de bruyère. Il m’avait semblé la voir remuer, en même temps qu’il en sortait un bruit comme si on avait cassé une brindille en marchant dessus.

J’eus tout de suite une inquiétude. Je pensai : « Il y a quelqu’un là. » Puis le même bruit se répéta beaucoup plus près, sans que rien ne bougeât. J’essayai de me rassurer en me disant que c’était un lièvre, ou une autre petite bête, qui cherchait sa nourriture. Mais, malgré toutes les bonnes raisons que je me donnais, je restais persuadée qu’il y avait quelqu’un là.

J’en ressentais une gêne si grande que je me décidai à me rapprocher de la ferme. Je fis deux pas vers mes moutons, mais au même