Page:Audoux - Marie-Claire.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
MARIE-CLAIRE

qui les empêchait d’aller plus loin, et je reconnus la petite rivière qui coulait au bas de la colline. C’est à peine si on voyait l’eau ; elle avait l’air de dormir sous une épaisse couverture de laine blanche. Je restai un long moment à la regarder ; puis je ramenai mes moutons le long du bois. Pendant que je cherchais à reconnaître de quel côté se trouvait la ferme, les moutons contournèrent le bois, et ils se trouvèrent bientôt sur un chemin bordé de haies. Le brouillard s’épaissit encore, et il me sembla que je marchais entre deux hautes murailles. Je suivais les moutons sans savoir où ils me menaient. Ils quittèrent brusquement le chemin pour tourner à droite, mais je les arrêtai aussitôt : je venais d’apercevoir l’entrée d’une église. Les portes en étaient grandes ouvertes, et de chaque côté on voyait deux lumières rouges qui éclairaient la voûte grise. D’énormes piliers se rangeaient en lignes droites, et tout au fond on devinait les fenêtres à petits carreaux qu’une lumière éclairait faiblement. J’avais beaucoup de mal à empêcher les moutons d’aller vers cette église, et tout en les repoussant, je m’aperçus qu’ils