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Le Fantôme 57

— C'est certainement ici que le bruit s'est produit, chuchota Angélique.

— Alors c'est dans le placard, dit Marie.

— Quel placard? demanda sa sœur.

— Celui de l'oncle, répondit Marie toujours à voix basse.

Elles arrivèrent très vite au placard et Marie l'ouvrit vivement, après avoir repoussé près de la fenêtre une chaise chargée de paquets de linge que la blanchisseuse avait apportés dans la journée.

Rien n'était dérangé dans le placard de l'oncle. Sur le devant de la planche du haut, deux chemises blanches étaient couchées l'une sur l'autre; elles arrondissaient leurs poignés empesés comme pour se faire un oreiller, et de chaque côtés d'elles venaient s'appuyer les mouchoirs pliés en carré et les chaussettes bien enroulées.

Les vêtements pendaient sous la planche et s'aplatissaient sur des épaules en bois.

Marie les fit glisser sur la tringle pour regarder en-dessous, mais elle ne vit que des chaussures reluisantes et bien alignées.

Elle referma le placard, et comme à ce moment la lampe éclairait vivement la porte vitrée, les deux sœurs virent en même temps l'oncle debout, le chapeau sur la tète, qui les regardait fixement de l'autre côté de la porte.

Marie lâcha le bras de sa sœur et recula d'un pas, mais Angélique ouvrit précipitamment la porte vitrée et tendit brusquement la lampe vers le fantôme. Elle se rassura aussitôt, elle venait de