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Fragment de lettre 43

oreille, que je vis ses yeux s'agrandir avec inquiétude!

Il écouta longtemps, et quand il eut fini, il fit une longue ordonnance. Puis, comme je l'accompagnais à la porte, il me dit presque bas : « Les poumons sont atteints ! Surtout, veillez bien à ce qu'il prenne ses remèdes, car le mal est déjà très avancé ! »

Je ne me rendais pas bien compte de celle maladie ; ce ne fut que huit jours après que le docteur, me trouvant seule, m'en donna tous les détails.

À force d'y réfléchir, je me souviens que mon mari avait commencé à tousser a la suite d'une pluie d'orage qui l'avait surpris dans la campagne. Il avait ôté son vêtement pour en couvrir l'enfant et il était resté assez longtemps dans ses effets mouillés

Depuis, la toux avait toujours été en augmentant. En peu de temps le mal fit de grands progrès. Mon mari dût bientôt renoncer aux promenades avec son fils. Il exigeait qu'on le laissa seul avec lui dans le jardin. Il passait ses journées assis dans un fauteuil, pendant que le petit jouait silencieusement près de lui.

Quand l'hiver arriva, ce fut une vraie torture ; mon mari gardait le lit ; il voulait que soit fils restât tout le jour dans sa chambre, mais le docteur le défendait très sévèrement. Je passais tout mon temps à imaginer des prétextes pour éloigner l'enfant ! C’était épouvantable.