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Catiche 35

la douceur ; il n'obtint même pas qu'elle retirât sa figure de l'oreiller. Le lendemain matin, à l'heure de la visite, l'interne expliqua la chose au chef qui s'approcha pour caresser les cheveux coupés ras de Catiche.

Il parla d'une sois douce, toucha l'un après l'autre les petits bras remuants et demanda : « Voyons, ma mignonne, dites-moi ce qu'on vous a fait ? »

Elle tourna brusquement la tète de son côté, et d'une voix exaspérée elle cria : « Zut à toi, na ! » et elle replongea la tête dans son oreiller.

– Il faut la laisser, dit le chef.

Elle passa encore toute la journée sans vouloir manger. Quand toutes les lumières furent éteintes, et qu’il n'y eut plus que la veilleuse qui faisait comme un clair de lune clans la salle, Catiche commença de remuer dans son lit. Elle fit entendre des petits gémissements qui avaient l'air de sortir d'un sifflet bouché.

Sa voisine de' droite se pencha vers elle pour lui demander ce qu'elle avait. Catiche ne répondit pas. On n'entendait que le ronflement de la gardienne qui dormait dans son fauteuil, à l'autre bout de la salle. La petite voisine se leva sans bruit.

C’était une grande fillette de douze ans qui s'en allait d'une maladie de cœur. Elle avait de grands yeux bruns et doux, et elle s'appelait Yvonne. Sans