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genoux : il le maintint d’une main, en se rapprochant au bord de la banquette, et il demanda :

— Est-ce que la fiancée est jolie ?

— On ne sait pas, dit l’homme, on ne l’a pas encore vue.

— Vraiment, dit le voyageur, et si elle était laide et qu’elle ne vous convienne pas ?

— Ça, c’est des choses qui peuvent arriver, répondit le paysan ; mais je crois qu’elle nous plaira, parce que notre garçon nous aime trop pour prendre une femme laide.

— Et puis, ajouta la femme, du moment qu’elle plaie à notre Philippe, elle nous plaira aussi.

Elle se tourna vers moi et ses doux yeux étaient pleins de sourires. Elle avait un tout petit visage frais, et je ne pouvais croire qu’elle fût la mère d’un garçon qui avait l’âge de se marier.

Elle voulut savoir si j’allais aussi à Paris, et quand j’eus répondu oui, le voyageur se mit il plaisanter.

— Je parie, dit-il, que mademoiselle est la fiancée ; elle est venue au devant de ses beaux-parents sans se faire connaître !

Tous les yeux se portèrent sur moi et je rougis beaucoup, pendant que l’homme et la femme disaient ensemble :

— Ah ! ben, si c’était vrai, on serait bien contents !

Je les détrompai, mais le voyageur leur rappelait que j’étais passée deux fois le long du train, comme