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rive souvent dans les usines, elle entendit nettement l’ouvrière ajouter :

— Il a fini sa prison.

Aussitôt tout devint clair pour elle. Elle comprit pourquoi le gendarme n’était pas venu. Elle comprit les regards furtifs et mystérieux des diamantaires, et elle attendit toute confiante la fin de la journée, en pensant que Mme  Rémy allait lui dire, comme à tout le monde, que son père était sorti de prison.

Le soir, à la fin du repas, Mme  Rémy dit seulement à Valserine :

— Voici qu’il fait déjà chaud. Tu dois avoir es vêtements d’été. Si tu veux, nous irons les chercher dimanche prochain.

Il restait deux jours avant qu’il fût dimanche, mais dans sa joie Valserine fit un mouvement si vif que sa chaise se recula de la table. Elle la rapprocha beaucoup plus près qu’il ne le fallait, et son regard chercha de nouveau celui de Mme  Rémy ; mais Mme  Rémy regardait à présent son verre avec attention ; elle le prit pour en frotter les bords tout en disant :

— Je demanderai à Grosgoigin de nous conduire.