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l’on pouvait lui faire une première facette.

Ce jour-là, Valserine comprit que ce métier si joli exigeait, par contre, beaucoup d’attention et une grande patience. Elle en éprouva un désagrément au fond d’elle-même. Puis elle songea que son père l’avait choisi pour elle depuis longtemps, et aussitôt son désagrément s’effaça. Cependant, par la suite, lorsque quelqu’un lui demandait si elle aimait son métier, elle hésitait toujours avant de répondre oui. C’était seulement à cet instant-là que la pensée d’un autre lui venait. Elle n’aurait pas su dire lequel, et elle n’en désirait aucun de ceux qu’elle connaissait ; mais elle pensait à un métier moins minutieux, et qui lui permettrait de quitter plus souvent son tabouret. Pourtant, elle continuait à faire avec obéissance tout ce qu’on lui commandait de faire ; mais peu à peu, une sorte de mépris se glissait en elle pour ces pierres que l’on touchait avec tant de soins. Et un jour qu’elle venait d’en laisser tomber une par terre, elle ressentit presque de la colère en voyant avec quelle inquiétude Mme  Rémy se mit aussitôt à sa recherche. Elle voyait bien que c’étaient là