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taires se penchaient avec les mêmes gestes recourbés et précis sur une plaque ronde posée devant eux ; mais elle fut longtemps avant de distinguer que cette plaque était une meule sur laquelle on taillait le diamant.

Dès le lendemain elle commença de rendre quelques services autour d’elle. Des mots précis lui indiquaient ce qu’elle devait faire :

— Valserine, passe-moi ma poudre de diamant.

— Non, pas cette boîte-là, l’autre, celle qui est ronde.

— Mets ce plomb dans le moule, et augmente un peu la flamme dessous.

Au bout d’une quinzaine elle connaissait par leurs noms tous les outils des diamantaires. Elle savait verser la quantité nécessaire de poudre de diamant sur la meule d’acier qui tournait si vite qu’il fallait la regarder attentivement pour la voir tourner. Elle savait encore faire fondre la petite boule de plomb dans laquelle Mme  Rémy incrustait la pierre et qu’elle maintenait sur la meule à l’aide d’une lourde pince. Et elle n’entendait plus la recommandation si répétée des premiers jours.