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près de lui ; mais un très vieux paysan, qui avait longuement regardé la fillette, céda sa place et monta lui-même sur le siège à côté du conducteur.

Valserine tournait le dos aux chevaux, et en retenant de la main le rideau à rayures rouges qui fermait la voiture, elle pouvait regarder la vallée qu’il lui fallait quitter. Elle voulut revoir sa maison aussi, mais elle ne sut pas la découvrir parmi les sapins. Et ce fut pour elle comme si sa dernière amie l’abandonnait.

On atteignit très vite le village de Lajoux.

C’était dans ce village que la fillette allait à l’école. L’idée lui vint que tous les enfants qui jouaient devant les portes savaient que le contrebandier était en prison. Et pour ne pas être aperçue par eux elle se fit toute petite derrière son rideau de grosse toile.

Le village dépassé, elle reprit sa pose, mais toute la beauté du paysage avait disparu avec le plateau de Lajoux. La route, presque plate maintenant, passait au milieu d’une terre désolée ou rien ne semblait vivre. Valserine qui connaissait pourtant l’endroit en