Page:Audoux - La Fiancee.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tier et des façons adroites ou amusantes dont il dépistait les douaniers.

C’était là encore qu’il avait raconté comment la grotte s’était formée l’année même où la fillette était venue au monde. Pendant une nuit un violent orage avait fait tout trembler dans la montagne et, sous la grêle et sous une pluie comme on n’en avait jamais vu, une masse de terre et de rocher s’était soudain détachée du haut, passant à vingt mètres de la maison pour rouler jusqu’au bas de la pente, entraînant avec elle des centaines d’arbres qui se heurtaient en un fracas terrifiant. L’étable avait été emportée avec les deux vaches et les chèvres, sans que l’on eût jamais pu découvrir l’endroit où les bêtes étaient enfouies ; seul le chien n’avait pas été entraîné, mais, pris sous l’éboulement et blessé à mort, ses plaintes aiguës avaient percé le silence de la vallée jusqu’au matin, sans qu’il fût possible de lui porter secours. Au jour, alors que le contrebandier cherchait à le dégager, une pierre plate, sur laquelle il s’appuyait, bascula tout à coup, et laissa voir la grotte où la bête était