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voix avait repris : « J’ai envie de faire partir mon revolver là-dedans pour voir ce qui en sortirait. » Aussitôt Valserine s’était sentie attirée violemment par son père ; elle avait senti aussi qu’il était tout tremblant lorsqu’il lui avait dit à l’oreille : « Les douaniers sont là. » Elle n’éprouvait aucune peur à ce moment. Elle était seulement étonnée du trouble de son père. Et comme elle allait demander une explication, il lui avait mis la main sur la bouche en lui disant encore dans l’oreille : « Tais-toi ! » Et, brusquement, elle avait compris que son père faisait la contrebande, tout comme le fils de la mère Marienne qu’elle-même méprisait à l’égal d’un voleur. Et, malgré l’obscurité, elle mit ses deux mains sur son visage pour cacher la grande honte qui la faisait rougir ; mais le contrebandier se pencha davantage sur elle en la serrant plus fort contre son cœur. Alors, pour le tranquilliser, elle lui passa un bras autour du cou, ainsi qu’elle le faisait souvent dans ses câlineries. Ils entendirent encore des petits coups frappés sur les pierres, puis la voix du douanier arriva près d’eux comme si elle sortait