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elle aurait voulu lui faire comprendre qu’elle allait s’éloigner pour longtemps.

Puis, quand l’oiseau la quitta pour retourner au bois, elle sortit elle-même de la maison pour aller voir sa chèvre noire qui bêlait tristement dans sa cabane. Cependant elle prit à peine garde à la chèvre qui tirait sur sa corde en bêlant plus fort. Elle se dirigea vers le fond de la cabane dont le mur se trouvait formé en partie par la montagne elle-même. Elle déplaça légèrement un épais fagot dressé là comme pour le faire sécher, et, en se baissant un peu, elle se glissa par l’étroite ouverture qui menait à la cachette du contrebandier. C’était là que depuis plus de dix ans son père cachait ses marchandises. L’endroit était peu vaste, mais, quoique dissimulé comme une caverne, il n’était pas obscur ; le jour y entrait par des fissures que formaient entre elles d’énormes pierres étagées au-dessus et posées en tous sens. Par les grandes pluies l’eau y entrait aussi ; elle coulait en fines rigoles le long des parois et emplissait lentement les trous qu’elle rencontrait sur son passage. C’était un gros en-