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que son père lui avait dit quelques mois plus tôt : « À la fin des vacances, comme tu auras juste quatorze ans, je t’enverrai à la ville pour apprendre un métier. »

Elle n’avait pas su choisir parmi les nombreux métiers qu’il lui avait nommés ; et il avait ajouté : « Je voudrais que tu sois ouvrière diamantaire. » Et, comme pour lui en donner à elle-même le désir, il avait longuement vanté ce métier où les jeunes filles et les femmes pouvaient gagner largement leur vie.

Elle se souvint encore que, ce jour-là, son père avait beaucoup parlé d’avenir.

L’avenir ? Elle essaya d’y penser. L’avenir ? Elle répéta le mot plusieurs fois, comme pour le fixer et l’avoir bien à sa portée ; mais à le répéter ainsi, le mot se brouilla dans sa tête. Et, soudain, il lui parut très haut, et tout semblable à ces nuages qui arrivaient en se bousculant par le col de la Faucille, et s’enfuyaient en s’effilochant le long des monts Jura.

C’était encore en parlant d’avenir que son père l’aidait à faire ses devoirs de classe. Elle