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surveillait, au bas d’une pente, un passage qui devait mettre, pour un instant, son père à découvert, un douanier qui la guettait lui avait enlevé brusquement le mouchoir qu’elle tenait à la main pour un signal. Dans sa surprise, elle n’avait pu retenir un cri aigu. Le contrebandier, croyant sa fille en danger, était sorti d’on ne sait où, et s’était lancé sur la pente tout enchevêtrée d’éboulis de pierres et d’arbres coupés. Un faux pas l’avait projeté la tête contre un arbre, et il était resté là, étendu, toute sa contrebande éparse autour de lui.

Valserine avait tant pleuré depuis ce moment qu’elle ne pouvait plus retenir maintenant les gros soupirs qui continuaient à lui emplir la poitrine, et l’empêchaient de respirer à l’aise.

Elle ne resta pas longtemps à la fenêtre. Le grand silence du dehors l’effrayait. Auprès comme au loin rien ne bougeait, les arbres étaient aussi immobiles que les pierres, et la lune, elle-même, terne et comme endormie dans le ciel, semblait arrêtée pour toujours au-dessus de la montagne Dans la maison il y