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trop longtemps au pied, ils n’eurent, l’été suivant, que de petites feuilles qui jaunirent sans se développer. « Dame, disait le jardinier, le chêne ça aime l’eau, mais pas trop non plus. » Ils les déplacèrent pour les mettre plus haut dans le clos, où ils se trouvèrent beaucoup mieux, et s’ils ne grandirent pas cette année-là, ils se couvrirent d’un feuillage ferme et très vert.

À chercher des arbres à leur convenance, Nestin et Nestine avaient pris goût à courir les bois, et il n’était plus question pour eux de mariage ni d’enterrement. Ce qu’ils cherchaient maintenant, dans les bois, c’était ce que, régulièrement, chaque saison y apporte. Très vite, ils avaient su découvrir, cachées dans la mousse, les toutes petites fraises parfumées. Sur les hautes branches, les merises plus sucrées que celles des vergers. Et, dans les ronces aux épines dures, les mûres noires et juteuses pour confitures et sirops. L’automne leur apportait les prunelles molles des haies, et les bons champignons qu’ils avaient su si vite distinguer des mauvais. Toutes choses qui leur fournissaient des aliments agréables,