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qui pourrirait lentement sans joies pour personne…

Nestine en rêvait dans son sommeil.

Et toujours, dans son rêve, le cœur de chêne prenait la forme d’un jeune garçon portant un vêtement clair et lisse et s’en allant tout joyeux à la ville pour assister à une grande fête.

À force de parler d’enterrement ils en arrivèrent à penser à leur propre fin. Pourquoi eux-mêmes, comme tous ces gens-là, ne s’en iraient-ils pas dans une boîte reluisante et nette ? Sans doute ils n’avaient pas d’argent pour un pareil achat, et il n’y avait pas de chêne dans le clos. Mais ils pouvaient en planter un. Seulement ils n’avaient aucune idée de l’âge qu’il fallait à un arbre pour qu’on puisse l’utiliser en planches. Le jardinier donna ce renseignement joint à d’autres :

— À cinquante ans, un chêne n’est pas bien gros.

Cette fois, ce fut Nestin qui parla pendant la nuit :

— On en plantera deux, dit-il.

Deux, cela chagrina un peu Nestine, elle