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selon le vœu du défunt, comme s’il avait voulu que tous les arbres du parc voient passer ce cœur de chêne dans toute sa beauté claire.

Nestine, à son grand regret, vit enfouir la belle boîte en pleine terre, au milieu d’une pelouse où poussait une herbe épaisse et haute.

— Du bois comme ça, le gâcher pareillement !…

Toute sa pitié allait à ces planches qu’elle jugeait sacrifiées.

— Du bois comme ça, disait-elle tout bas à Nestin, c’est fait pour faire de beaux meubles qui servent aux vivants, et durent plus de trois cents ans.

— Oui, oui, oui, acquiesçait Nestin sans remuer les lèvres.

La fosse comblée et recouverte par les épais carrés de gazon rapportés et ajustés comme s’ils n’avaient jamais été séparés, Nestin et Nestine suivirent les serviteurs qui regagnaient le château par l’allée la plus étroite. La femme du jardinier, qui pleurait encore malgré son ressentiment, renseignait Nestin et Nestine :

— Il était sur cette même pelouse, le grand chêne que ce vieux méchant a fait couper