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non plus, mais ils s’aimeraient jusque dans leur vieillesse. « Oui, oui, oui », faisait tout bas Nestin. Et le son qui sortait de ses lèvres à peine entr’ouvertes semblait sortir d’un tout petit sifflet rouillé.

Nestine craignait pour ceux-là les débuts difficiles de leur propre ménage et elle recommençait l’histoire du mobilier que son père lui avait laissé en héritage, et que sa mère avait vendu en cachette et fait enlever le jour même de leur mariage tandis que, accompagnés de quelques amis, ils s’en étaient allés en banlieue faire un simple repas suivi d’une longue promenade. À leur retour ils n’avaient plus trouvé dans le logement que l’impotente et son vaste fauteuil, de sorte qu’il leur avait fallu passer leur nuit de noce dans la mauvaise chambre d’hôtel de Nestin, cette chambre où le lit, à peine assez large pour un seul, touchait le mur au pied comme à la tête, et si étroite qu’au matin Nestin avait dû ouvrir le vasistas afin que Nestine pût étendre le bras pour peigner à son aise son épaisse et très longue chevelure.

Comme ils avaient travaillé dur par la suite,