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qui avec mille peines avait réussi à grimper comme le gamin sur la bosse du néflier, se plaignait de s’être donné un tour de reins et de s’être écorché les chevilles. Et Nestine, dans l’eau jusqu’aux genoux, affirmait que la rivière contenait des glaçons qui lui remontaient dans le dos et lui entraient jusque dans la moelle.

Cet essai, quoique ayant empli le tablier de Nestine, ne les contenta pas. Ils voulaient, aujourd’hui même, prendre à l’arbre tous les fruits qui lui restaient. Et il lui en restait encore tellement, malgré tout ce qu’on lui avait pris ! Cependant, ils ne pouvaient recommencer, sans risques graves, lui, de se percher, elle, de rester à patauger dans l’eau froide. Il fallait chercher un autre moyen. Ils pensèrent l’avoir trouvé dans une longue et solide gaule coupée au noisetier, qui allait obliger chaque nèfle à tomber dans le panier que Nestine tiendrait au bout d’une perche. Mais Nestin, dont la vue était courte, guidait autant les feuilles que les nèfles vers le panier. Et, pour une qui ne manquait pas le but, trois, heurtées au passage, tombaient et s’en allaient au fil