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avaient de la peine à déchiffrer une page embrouillée. Puis, la femme, les deux mains levées, eut l’air d’offrir une très belle chose, tandis que le père Sylvain arrondissait son bras comme s’il s’apprêtait à soutenir un objet très fragile. Ils prirent encore le temps de se sourire, ainsi que des gens parfaitement d’accord, et aussitôt, le père Sylvain consolida d’un coup d’épaule son bissac et s’en alla à grands pas sonores vers l’endroit où Tati venait de disparaître.

Bientôt après, sur la route opposée, la femme poussait devant elle ses deux garçons qui pleuraient en appelant leur petite sœur.

Le soir, à la nuit tombante, quand le père Sylvain déposa Tati sur la table où la soupière fumait déjà, la mère Sylvain tout intriguée demanda en s’approchant :

— Qu’est-ce que c’est que ça ?

— Ça, dit tout joyeux le père Sylvain, c’est encore un petit oiseau tombé du nid.

Et, devant l’air stupéfait de sa femme, il ajouta en soulevant les coudes pointus de Tati :

— C’est un oiseau rare, mais tu n’auras