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Tous les ans, à l’automne, c’était la même chose, il le savait bien, mais il ne pouvait rester calme à regarder sa forêt toute salie.

Jamais il n’avait voulu assister à ce pèlerinage. Il savait seulement que de joyeuses bandes de Parisiens y venaient en partie de plaisir et qu’il s’y faisait un grand commerce.

C’était un homme simple et peu bavard. Depuis longtemps on l’appelait le père Sylvain quoiqu’il n’eût pas d’enfants. C’était son grand regret. Et, comme pour les remplacer, il rapportait à sa femme tous les oisillons tombés des nids qu’il trouvait dans la forêt. La mère Sylvain les nourrissait et les élevait avec soin, mais dès qu’ils sentaient leurs ailes assez longues, ils les ouvraient et quittaient la maison pour s’envoler au bois. Le père Sylvain montrait toujours du dépit, au retour de son travail, en ne retrouvant plus les petits, et sa femme, pour lui rendre sa bonne humeur, ne manquait jamais de lui dire :

— Mais, voyons, il faut bien que les oiseaux s’envolent !

La dernière fois, devant son furieux mécontentement de la fuite d’un geai qu’il comp-