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service de table, n’avait guère le temps de regarder l’image de sa fille, mais le père ne s’en privait pas. Il adressait même la parole à cette belle Denise, qu’il aimait aussi tendrement que par le passé. Il ne pouvait croire à une absence définitive. Et, de tout son amour paternel, il aspirait au retour de l’enfant chérie.

À peine s’il entendait le babillage de Linette. Oh ! pour celle-ci, il comprenait bien qu’il n’aurait jamais à s’inquiéter. Elle pouvait grandir et devenir belle à son tour. Ne tenait-elle pas de sa mère ses tresses d’un blond doux, sa bouche fine et ses yeux bleus au regard tranquille ? Mais, c’était lui qui avait transmis à Denise la riche couleur de ses cheveux, ses yeux d’un noir violet et ses lèvres pleines, si colorées et toujours entr’ouvertes sur ses dents blanches.

Où était-elle, à cette heure, la chère fille de son sang ?

Oh ! si elle pouvait revenir en ce jour de fête, ainsi qu’elle était partie ! Comme il lui ouvrirait ses bras, comme il la presserait sur son cœur !