Page:Audoux - La Fiancee.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout aussitôt le visage de la servante s’éclaira tandis que sa voix affaiblie répétait comme un écho :

— Ce rôdeur, si c’était Jean le Perdu ?

Soudain, Madame l’Infirme voulut relire une lettre reçue la veille des remplaçants de ses parents chez lesquels elle gardait des intérêts. Cette lettre, à laquelle elle n’avait prêté que peu d’attention, disait qu’un homme, de retour d’un pays étranger, avait demandé des nouvelles des anciens cafetiers. En apprenant qu’ils étaient morts depuis longtemps, l’homme avait baissé la tête, mais l’instant d’après, quand on lui eut dit que leur fille habitait avec son jeune fils un petit village de Vendée, il avait été pris d’une sorte de rire qui lui avait réellement donné l’air d’un fou. Malgré cela, comme il était de bonne tenue et paraissait honnête, on n’avait pas cru devoir lui refuser l’adresse qu’il sollicitait.

Maintenant, Madame l’Infirme ne doutait plus. Ce rôdeur, c’était Jean le Perdu. Peut-être, à la nuit noire, avait-il rôdé autour de sa maison comme autour de celle de la mère Clarisse. À présent, au grand jour, il ne tar-