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pluie tenace et froide, un soleil brillant, comme lavé à fond, éclairait le jardin au bout duquel Madame l’Infirme regardait partir pour l’école son fils, un très beau garçonnet maintenant, qui tournait vers elle un visage clair et tout rayonnant de tendresse.

La paysanne qui venait chaque jour seconder la servante devenue tout à fait vieille arrivait en se pressant, contre son habitude. Elle dit tout de suite, un peu essoufflée :

— Il faudra bien fermer vos portes, aujourd’hui, Madame, parce qu’il y a un rôdeur dans le village.

Madame l’Infirme n’était pas sans crainte à ce sujet. Sa maison située presque au bord de la route lui avait déjà causé des ennuis dans ce sens, malgré le chien qui faisait bonne garde ; aussi, la voix un peu inquiète, elle demanda :

— Comment est-il ce rôdeur ?

— Oh ! je ne l’ai pas vu, dit très vite la femme, mais on assure qu’il est arrivé hier à la nuit tombante et qu’il a rôdé pendant plus d’une heure dans le village.

Elle reprit haleine pour ajouter plus vite encore :