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Je regardai de ce côté mais je ne vis personne, la cour était toute blanche de neige et on ne voyait que des arbres noirs et tordus qui allongeaient leurs branches vers nous.

Grand’mère s’impatienta comme si elle trouvait qu’on ne lui ouvrait pas assez vite du dehors, elle cogna plus fort et ses signes se firent plus impérieux. Puis comme malgré tout cela la fenêtre ne s’ouvrait pas, elle s’y appuya de tout son poids en collant son front contre la vitre. Et tout à coup sa voix claire et douce monta et s’étendit comme une plainte. Elle dit : « Y a des loups ! »

La gardienne de nuit s’approcha pour la faire taire, mais grand’mère lui échappa et se sauva vers une autre fenêtre. Elle se mit alors à cogner de toutes ses forces et à faire des signes désordonnés.

On eût dit qu’elle demandait asile à chacun des arbres de la cour ainsi qu’aux bancs qui s’allongeaient tout noirs sur la neige durcie. Et toujours elle répétait d’un ton plaintif et suppliant : « Y a des loups ! »

Bientôt toutes les malades furent réveillées et l’une d’elles alla chercher du secours.