Page:Audoux - La Fiancee.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celle-ci découvrait un ventre partagé par une longue raie rouge et une petite femme mince et noire raconta qu’elle s’était réveillée avant la fin et qu’il avait fallu quatre hommes pour la tenir pendant qu’on la recousait.

Grand’mère n’avait pas l’air de les entendre, elle se tenait adossée contre ses oreillers et de temps en temps elle levait la main comme pour chasser une mouche. Puis la nuit revint, les infirmières s’en allèrent après avoir éteint toutes les lumières et il ne resta qu’une petite flamme de gaz qui éclairait la grande table où s’étalaient des linges et des instruments bizarres.

Vers le milieu de la nuit la surveillante vint faire sa ronde ; elle marchait sans bruit et la lanterne rouge qu’elle portait à la main semblait se hausser d’elle-même au-dessus de chaque lit pour regarder fixement chaque visage.

Grand’mère se leva quand la lanterne eut disparu, elle s’approcha de la fenêtre et cogna au carreau de son doigt recourbé. Elle cognait tout doucement et elle faisait des signes à quelqu’un dans la cour.