Page:Audoux - La Fiancee.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec la surveillante. Grand’mère la regardait d’un air craintif et respectueux. Elle avait perdu son air joyeux du matin et elle avait l’air d’une petite fille qui s’attend à être grondée.

Maintenant sa fille s’avançait en distribuant des oranges aux malades et quand elle fut près de sa mère elle l’accabla de tendresses et de baisers ; elle disait à haute voix :

— Je veux que tu sois raisonnable et que tu te laisses opérer.

Grand’mère la suppliait tout bas de l’emmener, mais la fille répondait :

— Non, non, je veux que tu guérisses.

Elle prit les malades à témoin, disant que sa mère avait encore de longues années à vivre et qu’elle voulait la voir bien portante.

Grand’mère ne se laissait pas convaincre, elle continuait de dire tout bas :

— Emmène-moi, ma fille.

Alors la fille prit un ton fâché :

— Eh bien, voilà : si tu ne veux pas te laisser opérer, je vendrai l’âne.

Et elle était partie au milieu des rires de toute la salle.