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Dans les premiers temps elle était contente d’être à Paris, puis il lui était venu un immense regret de ses champs. Elle pensait sans cesse aux gens qui habitaient à présent sa petite maison ; ils avaient acheté aussi deux vaches et le cheval, il n’y avait que l’âne qu’elle n’avait pas voulu vendre. Sa fille avait eu beau lui dire qu’à Paris il n’y avait pas d’ânes, elle n’avait pas voulu s’en séparer, et il avait bien fallu l’amener. On l’avait mis chez un marchand de lait qui le soignait et où elle pouvait le voir chaque jour.

À force de s’ennuyer voilà qu’elle avait senti davantage son mal ; aussitôt sa fille l’avait amenée à l’hôpital. Le médecin prétendait qu’une opération pouvait la guérir, mais, plutôt que de se faire opérer elle aimait mieux garder son mal jusqu’à la fin de sa vie.

Sa fille venait souvent la voir. C’était une grande femme qui avait le nez pointu et le regard dur. Pourtant elle souriait à toutes les malades en traversant la salle, et tout le monde pouvait entendre les paroles d’encouragement qu’elle prodiguait à sa mère.

Ce jour-là elle s’arrêta longtemps à causer