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veux lire les tiens ils parlent de choses qui me sont inconnues. C’est toi qui décides de la couleur de mes robes et de la forme de mes chapeaux. C’est toi qui gagnes l’argent qui me fait vivre et si je commande notre domestique elle n’obéit qu’après avoir pris ton avis.

La voix de Mme  Pélissand se fit chagrine pour ajouter :

— Tout est changé ici, tu es devenue la mère et moi la petite fille. J’ai souvent peur d’être grondée et quoique tu sois douce et bonne, je crains ton regard sur moi.

Un long silence se fit. Marie songeait, une main sur les touches du piano.

Mme  Pélissand se mit à pleurer tout bas, puis elle dit timidement à sa fille :

— Permets-moi d’épouser M. Tardi.

Alors Marie se pencha sur sa mère et après lui avoir essuyé les yeux, elle l’embrassa tendrement au front en disant :

— Va, maman, épouse M. Tardi, afin que de nous deux il y en ait au moins une qui ait un peu de bonheur.