Page:Audoux - La Fiancee.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je pense seulement, répondit Marie, que tu m’as toujours empêchée de me marier parce que tu ne voulais pas rester seule et aujourd’hui c’est toi qui parles de me quitter.

Mme  Pélissand resta silencieuse et Marie n’osa dire tout ce qui lui montait du cœur.

Cependant à travers le silence qui se prolongea, un doute vint à Marie. Ce mariage de sa mère lui parut tout à coup une chose impossible et si elle n’eut pas envie de rire comme l’instant d’avant, une moquerie monta et grandit en elle, dès que sa mémoire lui eut rappelé que de tous les vieux messieurs qu’elle connaissait, aucun n’était libre.

Elle quitta son tabouret pour s’agenouiller devant sa mère comme elle le faisait parfois et dit doucement :

— Chère maman. Ce n’est pas sérieux cette idée de mariage, tu as voulu me faire peur, n’est-ce pas ?

Et comme Mme  Pélissand gardait toujours le silence, elle s’enhardit et devint presque enjouée en demandant :

— Et dis-moi, maman, où trouverais-tu un mari ?