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beille sur ses genoux et elle dit sans regarder sa fille :

— Tu peux jouer encore, Marie.

Cette fois Marie regarda sa mère. Son regard exprimait la surprise et c’était comme si elle eût dit tout haut : « Mais qu’a-t-elle donc ? »

Depuis quelques jours, en effet, Mme  Pélissand n’était plus la même. Autrefois elle ne serait jamais entrée au salon pendant que sa fille était au piano.

Elle détestait encore le métier d’institutrice de Marie et ne pouvait supporter que sa fille y employât tout son temps. Et voilà que tous ces jours passés, elle était restée le soir dans la salle à manger pendant que Marie corrigeait les cahiers de ses élèves. Hier soir elle s’était même assise aussi près que possible de sa fille et plusieurs fois Marie l’avait vue faire un mouvement de tête en ouvrant la bouche comme si elle allait parler, puis chaque fois elle avait baissé la tête d’un air gêné.

Marie n’osait se remettre au piano, mais sa mère lui répéta du même ton que la première fois :