Page:Audoux - La Fiancee.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et malgré tous ses efforts, il ne put la faire entendre.

Sa mère tendit le cou vers lui : ses naseaux eurent un frémissement en rencontrant les naseaux délicats du poulain. Ses lèvres se mirent à trembler en s’allongeant, et elle les appuya un long moment sur la bouche de son petit, et Paul vit bien qu’elle lui donnait le dernier baiser ; puis elle releva la tête et regarda la mer par-dessus le bateau.

La femme aussi regarda la mer pendant que la chaîne grinçait et que le poulain se balançait au bout du câble. Quand il eut disparu au fond du bateau, elle fit tourner la jument vers la terre, et toutes deux s’en retournèrent lentement, comme très lasses ; la femme marchait en écartant un peu les jambes, et sa jupe, qui se gonflait aux hanches, lui faisait comme une large croupe.