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violence qu’elle l’envoya rouler contre le pied du lit. La surveillante avait vu le geste ; elle accourut, tout en traitant Catiche de petite sournoise. Catiche se démenait en lançant ses bras de tous côtés. Elle essayait de crier pour se défendre et, dans sa fureur, elle retrouva tout à coup la voix pour hurler : « Elle m’a appelée œil de bique ! »

Toutes les petites filles se mirent à rire. Seule, Yvonne ne riait pas : elle faisait tous ses efforts pour retenir les bras de Catiche qui heurtaient rudement la couchette de fer, puis lorsque tout fut calmé, elle s’assit près d’elle pour la consoler.

De temps à autre elle lui mettait de force un bonbon dans la bouche en disant : « Mange donc, grosse bête ! »

Tous les jours, ensuite, elle approchait sa chaise du lit de Catiche et, tout en surveillant les malices de la blondinette, elle montrait à sa nouvelle amie comment il fallait s’y prendre pour faire de la dentelle.

— Prête-moi ton crochet, lui dit un jour Catiche.

— Non, dit Yvonne, tu pourrais te blesser.