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comme les enfants qui n’osent pas pleurer tout haut.

Sa voisine de droite se pencha vers elle pour lui demander ce qu’elle avait, mais Catiche ne répondit pas et continua ses gémissements.

Toutes les petites malades paraissaient endormies et on entendait le léger ronflement de la gardienne qui dormait dans son fauteuil, tout à l’autre bout de la salle. La voisine se leva sans bruit.

C’était une grande fillette de douze à treize ans qui s’en allait d’une maladie de cœur. Elle avait de grands yeux bruns et doux, et elle s’appelait Yvonne. Sans penser à mal, elle demanda tout bas :

— Pourquoi pleures-tu, Catiche ?

Catiche la repoussa en ouvrant la bouche pour hurler, mais aucun son ne sortit. Elle avait perdu la voix dans sa dernière colère.

— Je parie que tu as faim, lui dit Yvonne.

— Oui, na, j’ai faim, souffla Catiche.

Yvonne atteignit une boîte de gâteaux secs, puis elle prit le pot de lait qui était sur la table de nuit et en remplit sa tasse.