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Bernard prit Valserine par la main pour la conduire au polissage. Elle traversa avec lui râtelier des hommes où les scies filaient des sons aigus en donnant une forme aux racines de bruyère. Elle vit voler sur elle et autour d’elle les fins copeaux roulés qui sautaient des établis pendant que les machines à tourner et à percer chantaient comme des essaims de bourdons dans la montagne. Elle remarqua les visages ouverts et pleins d’énergie des ouvriers. Et quand elle entra dans l’atelier des polisseuses, elle regarda sans crainte les ouvrières toutes debout et tournées vers elle, attendant sa venue. Elle eut encore le temps de voir le poêle en forme de pipe au milieu de la pièce, et tout de suite une jeune fille vint la prendre pour la conduire à sa place.

La jeune fille écartait du pied les caisses et les paniers qui encombraient le passage, et après avoir aidé Valserine à mettre sa blouse de polisseuse, elle lui offrit un mouchoir de même couleur que celui qu’elle portait elle-même.

Valserine eut un sourire qui éclaira tout