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de la fabrique. De plus, il aimait son MÉTIER par-dessus tout et ne désirait rien d’autre que de le continuer toute sa vie.

À présent que son père était revenu, il parlait de retourner sans retard à Saint-Claude, où un travail plus rémunérateur l’attendait.

À l’inverse de Bernard, Valserine ne parlait nullement de départ. Cependant la mère Marienne aurait bien voulu la voir retourner aussi à Saint-Claude, où Mme Rémy la réclamait avec insistance, craignant surtout que l’apprentissage si difficile des premiers temps ne fût perdu, et qu’il fallût tout recommencer. Mais Valserine paraissait avoir oublié la diamanterie autant que la maison de Mme Rémy. Elle prenait goût à soigner les bêtes et les mener paître en remplacement de la mère Marienne, et bien souvent elle ne les ramenait de la forêt qu’à la nuit noire.

Dans la maison elle ne savait s’occuper à rien. Seul le travail de Bernard retenait de temps à autre son attention ; et il lui arrivait de prendre des pipes sur la table, et de les retourner longuement entre ses doigts.

Un jour qu’elle était plus attentive encore,